Un fichier joint innocent, un clic pressé et l’écran se noircit : toutes vos données sont chiffrées, la rançon s’affiche. Les ransomwares figurent désormais en tête des menaces pour les cabinets comptables : en 2024, 37 % des incidents signalés dans la profession impliquaient un rançongiciel (source : ANSSI). Pourtant, se relever d’une attaque est possible — à condition d’avoir anticipé. Voici la méthode pas‑à‑pas pour passer du chaos au redémarrage serein.
1. Le jour J : comprendre le déroulé d’une attaque
Au moment de l’infection, le logiciel malveillant procède en trois étapes :
- Propagation latérale : il repère les partages réseaux et les chiffrent en quelques minutes ;
- Suppression des sauvegardes locales pour empêcher une restauration rapide ;
- Affichage de la note de rançon réclamant un paiement en cryptomonnaie (souvent entre 50 000 € et 100 000 € pour un cabinet de moins de 25 postes). Durant cette phase, chaque minute compte : plus le chiffrement s’étend, plus la reprise sera coûteuse.
2. L’impact business : chiffres et conséquences concrètes
- Arrêt d’activité moyen : 6 jours ouvrés ;
- Pénalités de retard : jusqu’à 1 500 € par déclaration fiscale ou sociale non transmise ;
- Coût global (pertes + remédiation) : 86 000 € en moyenne ;
- Atteinte à la réputation : près d’un client sur trois envisagerait de changer de cabinet après une fuite de données.
3. Les trois piliers d’une réponse efficace
- Détection et isolement immédiat
- Coupez le réseau dès les premiers symptômes ;
- Alertez votre équipe IT ou votre MSSP ;
- Restauration à partir d’une sauvegarde immuable
- Utilisez une copie hors ligne non accessible au malware ;
- Priorisez les services critiques : logiciel comptable, dossiers clients, messagerie ;
- Communication transparente
- Informez l’Ordre et, si nécessaire, la CNIL dans les 72 h ;
- Préparez un message rassurant pour les clients expliquant les mesures prises.
4. Construire la résilience avant la crise
- Plan de Reprise d’Activité (PRA) & Plan de Continuité (PCA) testés deux fois par an ;
- Sauvegarde 3‑2‑1 : trois copies, deux supports différents, une hors ligne ;
- MFA partout : réduit de 99 % le risque de vol d’identifiants ;
- EDR + supervision 24/7 : détecte le chiffrement avant qu’il ne se propage ;
- Formation continue : un cabinet ayant simulé un phishing trimestriel divise par trois le taux de clics malveillants.
5. Prévenir plutôt que guérir : le top 5 des mesures clés
- Inventaire des actifs : sachez précisément quels serveurs, postes et SaaS vous devez protéger.
- Segmentation réseau : évitez que l’infection d’un poste s’étende aux sauvegardes.
- Patching prioritaire : corrigez les failles critiques sous 10 jours maximum.
- Audit annuel de sécurité : identifiez vos angles morts avant les attaquants.
- Cyber‑assurance adaptée : vérifiez les clauses de couverture et les exclusions.
Un cabinet préparé subit certes le choc d’une attaque, mais il redémarre en heures plutôt qu’en jours. Investir dans la prévention et la résilience, c’est protéger votre capital confiance.